Machisme de l’open space

Publié le par DIMA, VIPS

Chaque soir, lorsque je quitte le plateau, j’ai l’impression d’avoir le cerveau engoncé entre deux oreilles bouchées de merde. J’ai mal. Je n’arrive plus à penser. Je me surprends à dire des grossièretés, moi aussi, mais toujours après coup, paradoxalement : ce n’est pas sur le plateau, avec les collègues, par mimétisme, que je prononce ces mots gros, non, jamais. Mais après coup, comme par décompensation, ça me sort d’un coup avec des ami·e·s — pardonnez-moi ! —, sans motif valable, malgré moi, me dégoûtant aussitôt.

Ça commence à m’atteindre.

Dès le premier jour, ça jurait de partout sans vergogne. Nouvelle et seule femme sur le plateau, j’avais conscience de n’être pas en position de force. Mais il n’était pas question que je laisse passer sans réagir. Les salutations à la cantonade ne s’adressaient qu’aux mecs : « Salut les gars ! » Je me retournais alors avec un énorme sourire, ostensiblement, pour manifester ma présence. À force, ça a finit par monter au cerveau, et j’entends aujourd’hui des « bonjour à tous et toutes ». Je n’ai plus besoin de me forcer à sourire pour répondre. Victoire ! Pour les jurons, je m’étonnais ouvertement du vocabulaire employé, au moins pour faire miroir, mais en restant relax, car ce n’aurait pas été malin de me mettre mes nouveaux collègues à dos : « Ouhla, comment tu causes ! » Sans effet. Les injures fusent toujours et par chapelets : « putain de sa race, sa mère la pute ! »

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