La justice pénale est-elle discriminatoire ?
Les statistiques policières et judiciaires dévoilent régulièrement une focalisation de l’appareil répressif sur certains publics, notamment les franges les plus
marginalisées de la société. De nombreuses études ont souligné une nette surreprésentation en prison des milieux défavorisés en capitaux économiques, sociaux et scolaires, ainsi que des personnes
de nationalité et/ou d’origine étrangère. Certains auteurs déduisent de telles données la preuve d’une sévérité accrue des organes de jugement à l’encontre des classes sociales défavorisées et
des minorités, sinon de véritables pratiques judiciaires discriminatoires. Si le thème de l’égalité devant la loi suscite depuis des siècles d’intenses débats juridico-philosophiques, les études
empiriques consacrées au sujet sont relativement récentes et, en France, elles sont particulièrement rares.
L’objectif n’est pas, ici, de nous intéresser aux mécanismes sélectifs de production de la clientèle pénale, mais plutôt de comprendre ce qui se joue une fois les
magistrats saisis d’une affaire. Au bout du compte, quel concours ces derniers apportent-ils à la reproduction des clivages sociaux ? Faut-il voir dans la surreprésentation des populations
les plus vulnérables parmi les condamnés, la preuve d’une sévérité accrue des instances de jugement, susceptible d’être rapportée à des pratiques judiciaires discriminatoires ?
- Lire la suite de cet article de Virginie Gautron et Jean-Noël Rétière (Université de Nantes)
- Consulter l'ensemble des articles disponibles sur le site de l'Alliance de recherche sur les discriminations (ARDIS)